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Le RGESN n’est pas du greenwashing

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L’éco-conception n’est plus une option, mais une nécessité dans la quête de durabilité digitale. À ce sujet, il est important de différencier les véritables efforts de durabilité des simples stratégies de greenwashing. Le Référentiel général d’éco-conception de services numériques (RGESN) répond à ce besoin de transparence et d’engagement.

Éco-conception vs greenwashing

💡 Le terme greenwashing désigne une méthode de communication utilisée par une organisation dans le but de se donner une image sociale et environnementale responsable – souvent plus éloignée de la réalité.

En tant que développeur web, je suis constamment confronté à des défis en matière de performance, accessibilité et qualité web. Lorsque j’ai entendu parler du RGESN (Référentiel général d’éco-conception de services numériques), cela m’a immédiatement interpellé, car il complète parfaitement le champ d’intervention d’un bon artisan du web.

Lorsque l’on discute d’éco-conception, on rencontre généralement trois types de réactions :

  1. Les éco-enthousiastes qui pensent qu’un site éco-conçu est la solution à tous les problèmes écologiques. Ils pensent que cela pourrait sauver la planète, contrer le réchauffement climatique, et protéger des espèces comme les phoques et les ours polaires.
  2. Les éco-opportunistes, dans le contexte d’une entreprise, pensent que cela compensera chaque erreur, mènera à la neutralité carbone, annulera le CO2 de chaque déplacement, et aboutira à une Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) irréprochable.
  3. Les éco-sceptiques rejettent complètement l’argument, suspectant qu’il s’agit simplement de greenwashing.

Moi qui aime avoir des opinions, je suis allé étudier ce nouveau référentiel pour bien comprendre et avoir une vision plus claire du sujet.

Et… je me suis tout de suite senti comme à la maison ! Il y a, en effet, une certaine familiarité avec le référentiel de qualité web Opquast – dont je suis ceinture noire depuis l’an dernier !

Le RGESN est une collection de règles universelles, utiles et vérifiables autour de l’éco-conception. Comme la qualité web, c’est un parcours, un marathon d’endurance, dont le but est de créer un socle de bonnes pratiques avec l’ambition d’améliorer progressivement le web.

L’éco-conception intègre des critères environnementaux dès la phase de conception, visant à minimiser l’empreinte écologique tout en conservant la qualité. Contrairement au greenwashing, l’éco-conception représente un engagement véritable et tangible en faveur de l’environnement.

Ainsi pour résumer :

Le greenwashing peut être trompeur, donnant une fausse impression de durabilité. C’est une stratégie marketing qui peut induire les consommateurs en erreur, se contentant d’une apparence verte sans transformation réelle des processus de production.

En revanche, l’éco-conception est transparente et authentique, cherchant à améliorer la réalité plutôt qu’à la déguiser. Elle met en pratique la durabilité, allant au-delà des prétentions écologiques pour réaliser des efforts concrets de réduction de l’impact environnemental. C’est une philosophie à long terme, mais c’est une démarche très importante à mettre en place.

Un référentiel universel en 8 sections

1. Stratégie

La stratégie d’éco-conception nécessite une attention particulière aux impacts environnementaux et à l’utilité du service. Il faut prendre en compte les besoins des utilisateurs et s’adapter à différents types de terminaux. Un référent en éco-conception numérique doit être identifié, et des objectifs et indicateurs doivent être fixés pour mesurer et réduire les impacts.

2. Spécifications

Les spécifications doivent intégrer les objectifs de réduction des impacts environnementaux dans la conception et les revues de code. Il est aussi important de prévoir le décommissionnement des composants non utilisés et de choisir des fournisseurs et des services tiers qui s’engagent à réduire leurs impacts.

3. Architecture

L’architecture doit être conçue pour réduire les impacts environnementaux. Cela peut être fait en adaptant la quantité de ressources utilisées en fonction de la consommation du service, en suivant l’évolution technique des protocoles, et en prévoyant des mises à jour correctives tout au long de la durée de vie du service.

4. UX (« expérience utilisateur)

L’expérience utilisateur doit prendre en compte le clivage numérique et optimiser le parcours de navigation pour réduire le nombre de requêtes. Les animations sont optionnelles, tout comme les services tiers, les vidéos et les analytics. Il est également important de limiter les notifications inutiles et de donner aux utilisateurs la possibilité de ne pas tout charger.

5. Contenu

Le contenu doit être optimisé en termes de taille, notamment en compressant les images, l’audio, la vidéo et les autres fichiers.

6. Front-end

Le front-end doit respecter une limite de poids par écran, limiter le nombre de requêtes, et utiliser des techniques comme le cache, le chargement paresseux (lazy load), et le stockage local. Il devrait aussi servir les images à la bonne taille et réduire ou limiter les données échangées.

7. Back-end

Le back-end doit être optimisé en activant le cache serveur, en utilisant la compression et en archivant ou supprimant les documents périmés.

8. Hébergement

Enfin, l’hébergement doit être choisi en fonction de critères environnementaux. Il est recommandé de choisir un hébergeur à proximité de l’audience du site, qui respecte le code de conduite européen (PUE, WUE), utilise des sources d’énergie renouvelable et posséde une certification environnementale (ISO14001, ISO50001, LEED, BREAM, HQE).

Et donc ?

Tout cela est intéressant, mais comment mettre concrètement en place ces principes dans mon quotidien de développeur ?

  1. Je peux choisir un bon hébergement en vérifiant bien les certifications.
  2. Je peux réduire à un nombre raisonnable les environnements serveur utilisés (par exemple, un pour le développement et un pour la production).
  3. Je peux organiser des ateliers avec les clients pour identifier les fonctionnalités réellement utiles et écarter celles qui paraissent superflues.
  4. Je peux utiliser des outils comme Ecoindex, corriger les problèmes et suivre en permanence l’évolution d’un site – un travail déjà effectué pour la performance, mais que l’on peut pousser plus loin en faisant des choix plus écologiques.
  5. Pour aller plus loin, je peux également imaginer donner le choix à l’utilisateur sur les données qu’il souhaite télécharger (comme les images, vidéos, polices optionnelles.)
  6. Je peux automatiser le plus possible l’optimisation des ressources : compression des images, fonts, CSS, JS, etc…

WordPress et éco-conception font-ils bon ménage ?

Les deux dernières versions de WordPress ont bénéficié d’un énorme effort de la part des développeurs pour booster les performances du CMS. Grâce à l’introduction de la nouvelle Interactivity API basée sur Preact (le cousin de React) et la toute nouvelle façon de charger les modules JS, nous assistons à un changement important, semblable à la révolution que l’on a déjà vécue à l’époque dorée de jQuery.

Avec cette nouvelle donne, nous ne penserons plus en termes de templates, mais en termes de blocs. Chacun de ces blocs apportera ses propres CSS et JS, dans le but de construire des pages avec des ressources hyper optimisées.

Conclusion

Ainsi, adopter la sobriété numérique – et il en va de même pour l’accessibilité par exemple – ne devrait pas être un défi, mais plutôt un choix par défaut, simple et évident. L’éco-conception n’est pas du greenwashing. C’est un engagement certain et tangible en faveur de l’environnement : une approche qui mérite d’être saluée, encouragée et appliquée le plus largement possible. Et heureusement, WordPress est là pour nous rendre la vie plus facile !